La poésie française est bien vivante. Le poète français est à la recherche d'une autre poésie. Il faut que la poésie du troisième millénaire aille vers l'autre, dise l'autre, ouvre les portes du dialogue que d'autres langages ne parviendront jamais à pénétrer. C'est à la poésie de nous dire la beauté de l'origine et de signaler une issue à l'angoisse de l'homme. Il faut que la poésie française prenne décidément le chemin de la vie, qu'elle formule les inquiétudes de notre époque. Elle doit répondre à la parcellisation, à la réduction de l'esprit à une marchandise, à l'industrialisation à outrance, à l'occidentalisation excessive du monde. Que la poésie française ouvre ses fenêtres, pour dire le présent, et le passé. La société de l'avenir doit faire place à la poésie. Nous devons inventer de nouveaux lieux pour la poésie. Sortons des bibliothèques. Que la poésie française aille dans la rue, dans les bistrots, dans les endroits où elle n'est jamais allée. Qu'elle réalise une pratique transversale. La société actuelle lui réserve trop peu d'espaces. Que les journaux lui ouvrent leurs portes. Mais qu'elle, la poésie, abandonne un certain snobisme. Elle doit toujours se montrer comme l'expérience vécue.
Cultura straniera, n°113
Cultura straniera, n°113